vendredi 30 mars 2012

180 degré

Pilier déstabilisé. Voilà comment je me sens. Un pilier de béton, mais avec de grands vents, quelques voitures qui rentrent dedans. Il se fragilise lentement, malgré lui.

Depuis quelques semaines de calvaire de séparation, je tente d'être droite, solide. J'ai l'impression que l'ex me rentre dedans à coup de flèches mentales. Je deviens une boule d'émotions, je ventile. Ça finit par revenir. Je me dis: terminé. Je regarde en avant. Et vlan, une autre flèche. Et une autre.

J'ai tout entendu. "La pire mère du monde, je n'ai qu'un appel à faire et tu perds ton travail, tu ne penses qu'à toi, tu te fiches de tes enfants, je part, je t'enlève les enfants, je te laisse les enfants, tu veux la guerre, tu vas l'avoir, tu est une instable mentale, tes fils ont de la peine a cause de toi, tu es dans ta bulle, tu ne vois rien, t'es folle, blablabla. Des tonnes et des tonnes. Entre 1 et 4 fois par jour.

J'ai été à la librairie acheter un livre sur la séparation. J'ai plutôt choisi un livre sur le chantage émotif. Parce que c'est exactement ce qu'il fait. Il viole mon droit d'être humain. Mon droit de paix, de liberté.

Il veut me contrôler, parce qu'il perd le contrôle lui-même. Et ma santé mentale se fragilise. Il va finir par avoir raison.

...
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Voilà. Ce début de texte a été écrit en début de semaine. J'aurais sans doute continué de façon interminable de me plaindre d'être une victime de la crise de séparation.

Mais nous sommes à la fin de la semaine. Et je me suis posé une question cette semaine. Comment ton attitude agit dans cette relation. En d'autres termes, est-ce que mon attitude a quelque chose à y voir.

J'ai réfléchi. Au départ, j'étais gentille. Il a vu une porte grande ouverte pour garder espoir. J'ai voulu lui couper tout espoir. Je me suis refroidit à la vitesse de la glace sèche. Il a tenté d'enfoncer la glace. Il s'est gelé les doigts. Il a donc passé par ses fils pour m'atteindre. Évidemment, il m'a atteint. J'ai réagis.

Et j'ai constaté que mon attitude de "je te renvois tes paroles en restant froide, bête et indifférente", "tu vois, arrête puisque tu ne m'atteins pas" alimentaient son attitude lui-même.

C'est un combat de coq interminable. Il y a une personne qui doit faire cesser cette guerre. Sans doute la moins en crise, la plus mature. J'ai donc fait un 180 degré de ma façon de penser. Je me suis mise à sa place. Il vit une crise. Ses rêves sont démolis. Il est frustré. Il n'accepte pas. Il se débat comme quelqu'un qui vient de se noyer. Il croit que vengeance égale arrêt de souffrance.

Je ne suis aucunement d'accord avec cela. Mais je comprends que dans sa réalité, c'est la façon dont il le vit et le perçoit.

J'ai donc abdiqué. J'ai cessé d'être un punching bag trop résistant qui lui relance les coups les uns après les autres. Je lui reparle. Je lui dit des mots pour les enfants. Sans grande finesse, plutôt robotisé, je lui reparle. Incapable de le regarder dans les yeux, je suis tout de même calme. Ni frustrée, ni sur la défensive. Calme et sereine. Et ça semble fonctionner, pour l'instant. Puisqu'il n'a plus le territoire pour faire la guerre. Le drapeau est sorti. Tout en me respectant à l'intérieur de mes gestes. Tout en
sachant que je dois faire valoir mes droits et ceux de mes enfants. Tout en tentant de comprendre sa façon de voir cela.

Je serais naïve de croire que la guerre est terminée. Mais j'ai mis un baume sur la crise familiale. Parce que j'aime mes enfants. Et parce que nous avons tous et chacun, une vie à vivre. Une vie à continuer. J'aurai donné tout ce que j'ai pu pour épargner mes fils.

Une dame m'a dit cette semaine: met dans ta tête une bulle verte, et entres-y à l'intérieur tes enfants et ton ex conjoint. Et pense à "une prière dont j'ai oublié la phrase". Au début, incapacité totale d'imaginer nous 4 dans une bulle. Mon esprit chassait l'ex. Et la petite prière, je l'avoue, me faisait plus rire qu'autre chose. Mais le message, lui, a été significatif. Il a renforcé ma conscience que je devais tenter l'harmonie minimale. Et cette prise de conscience simple comme tout a grandement aidé.

Il ne me reste qu'à mettre ce texte dans mes favoris, et de le relire lorsque je me sentirai agressée, triste ou frustrée. L'espoir revient lentement. Mais une chose est certaine, j'aurai tout tenté pour minimaliser l'impact de la crise pour mes enfants. Et l'autre chose qui est certaine, c'est que j'adore mes 2 petits gars. Et je vais les accompagner dans le chemin de la vie, aussi droit ou croche sera ce chemin.

dimanche 25 mars 2012

Mère frustrée.

J'ai parlé de ma séparation dans mon dernier post. J'avais, à ce moment, encore espoir que les choses s'arrangent. Maintenant je n'en ai plus. Plus aucun. Les espoirs sont devenus fantaisies. Maintenant il faut regarder la réalité en pleine face.

J'ai un ex, le père de mes enfants, qui n'a qu'une idée en tête: vengeance. Déverser sa frustration sur un support quelconque. Parce que je me suis transformée en bloc de béton, l'issue facile fut de passer par mes fils.

Aller chez le médiateur, dans mes rêves, allait arranger les choses. Mais j'avais oublié de me mettre à la place de sa cellule frustrée et de regarder à partir de sa perception. Donc le médiateur, neutre professionnellement, fut un parti qui prend pour moi, lorsqu'on regarde à travers les lunettes difformes de sa cellule.

Après m'avoir menacé de m'enlever les enfants, de me les donner plein temps, de me les enlever, le verdict fut tombé: il s'en va. Loin loin loin. Travailler à l'extérieur, encore. Faire sa vie à des centaines de kilomètres, encore. Quand? On ne le sait pas. Il aime garder la surprise et nous déstabiliser à la dernière minute. Et sans égard aux conséquences sur ses fils. Étant même prêt à renoncer à payer l'école privée de fiston. Pas grave, il changera d'école.

Oui. 14 ans. Tu vis une séparation. Tu vis le départ de ton père. Et tu vis un changement d'école. Côté stabilité, allons, déménageons en Afrique. Pourquoi ne pas faire d'une pierre deux coups, tant qu'à être déstabilisé. Le problème, c'est que mes lunettes à moi fixent le bien-être de mes fils. Je suis donc frustrée. Je ne devrais pas. Mais je le suis. Je suis humaine.

Tantôt, à mon travail, une maman me disait qu'elle vivait le calvaire avec son ex depuis 7 années.Sans qu'elle le sache, elle décrivait mon ex. L'empathie était à son comble.

 J'ai donc compris, que le livre que j'ai lu cette semaine avait raison: les gens vous disent: relaxe, le temps arrangera les choses. Et bien dans le livre, ils disent que non. Le temps n'arrange pas les choses. La personne frustrée ne voit pas qu'elle a un problème. Sa pensée, pour cette personne, est logique. Et il ne faut pas sous-estimer le pouvoir d'un désir de vengeance, ni celui du conditionnement chez les enfants.

Je dois donc écouter les psy. Arrêter de ruminer ma naïveté, de ruminer mon choix de père. J'ai 2 beaux enfants. Et même si jeune, en jaquette, dans ma chambre, je ne rêvais pas d'être une maman monoparentale à plein temps, j'ai la chance au moins d'avoir 2 garçons merveilleux.

Et je suis leur maman. Je l'aurais sans doute eu plus facile avec un choix de père moins.....c'est cela. Mais je n'aurais pas cette expérience de vie, ni cette force de caractère.

Donc à partir d'aujourd'hui, il n'y a plus d'ex dans ma tête. Je ne compte plus sur lui pour mon avenir. Il n'y a plus vraiment de papa. Parce que je l'ai déjà vécu par le passé. Le papa fuit et fini par oublier qu'il est un papa.

En attendant, je vais continuer sans doute à subir son chantage affectif, son "suivage", son déversement émotionnel. Tant pis. Ces garçons là ont une maman. Et leur maman fera tout pour leur créer une belle vie. Pour le reste, ils devront accepter la réalité. Comme la plupart de mes enfants qui utilisent le service de droit d'accès. Qui finissent finalement par s'en sortir. Comme le feront les miens.

mardi 13 mars 2012

Enfants en otage

Je travaille dans les droits d'accès. C'est-à-dire le droit à un parent et un enfant de conserver le lien malgré le passé. Nous faisons des visites supervisées pour les parents qui ne peuvent voir leur enfant autrement, suite à une demande du Centre Jeunesse ou de la cour. Nous offrons également le service d'échange de garde. Ce service a été mis en place afin de diminuer la tension entourant les échanges de garde lors de séparations. Les parents qui ne peuvent se rencontrer sans qu'il y ait conflits, tensions et négatif se présentent à mon travail chacun avec un délai de 30 minutes. Durant cette période, nous prenons soin de l'enfant. De cette façon, l'enfant n'est pas témoin du conflit parental puisque les parents ne se voient pas. Ils ne se parlent pas non plus, nous assurons l'échange de l'information importante.

Ce n'est pas l'idéal pour une séparation, on en conviendra. Tout le monde rêve d'une séparation où les deux parents se respectent et s'entendent sur un point commun: le bien-être des enfants.

Mais voilà. Nous existons. Nous avons beaucoup de travail. C'est donc que ce service est d'une grande aide. Il est essentiel à mon point de vue. Surtout depuis ma deuxième séparation du père. Parce que c'est utopique de croire que toutes les séparations se passent comme on le voudrait. Et c'est prouvé scientifiquement que ce n'est pas la séparation qui fait le plus de mal aux enfants à long terme, mais bien les conflits entourant la séparation.

Oui, je fais partie du lot qui devrait être cliente de mes services. Pourquoi? parce que mes garçons, présentement, souffrent terriblement des conflits post-séparation. Cette fois-ci, pour la deuxième fois que je me sépare d'avec le papa, ma décison est sans appel. Et cette fois-ci, je l'ai exprimé rapidement et clairement. Afin qu'aucune faille ne vienne alimenter le désir et la perception du père de gaspiller son énergie à nous gâcher la vie pour une deuxième fois....au cas où....qu'il pense que je serais assez naïve une troisième fois pour retourner avec. Pour les enfants.

C'est parce que le monsieur m'en veut de ne pas l'aimer. Il m'en veut de ne pas habiter avec lui malgré que notre relation amoureuse est inexistante. Il m'en veut de ne pas endurer ma vie avec lui pour avoir une maison pour les garçons. Et à partir du moment où il a enligné ses pensées avec le filtre "de la faute de madame", madame et ses fils subissent un vrai calvaire.

Je peux gérer cela. Je peux absorber le fait qu'il m'en veuille, que je sois la pire égoïste de la terre d'avoir écouté mes besoins, que j'ai toujours pris des décisions pour gâcher sa vie, que j'ai absolument rien tenté pour que cela refonctionne, que le l'ai niaisé dès le départ, que moi, mon but dans la vie... est de gâcher la sienne...Je peux.

Mais de voir mes fils se faire ramasser comme des éponges émotionnelles, manipulés d'une tonne de frustration paternelle, c'est autre chose.

A la séparation, le père m'a ordonné, et je dis bien ordonné, de ne pas voir de monsieurs la semaine que j'ai les garçons. Durant le déménagement, avec toute la beauté des circonstances de la vie, je rencontre un dit-monsieur. Et il s'avère que je tombe amoureuse.  Et le dit-monsieur aussi. Ça tombe bien.

Le père apprend mon intérêt pour mon amoureux actuel en regardant mes courriels à la façon d'un détective, c'est-à-dire sans ma permission. Je suis séparée d'avec lui depuis un moment. Je suis sur le point de déménager. J'en convient, c'est rapide. Mais je l'ai expliqué dans le dernier post.

Pour toutes les raisons du monde, je voulais prendre mon temps avec cette relation. Je voulais intégrer les éléments naturellement à cette nouvelle relation, en temps et lieu, c'est-à-dire ma famille. Mes enfants.

Mais le père des enfants y a vu une occasion en or de bien s'installer dans son rôle de victime. Et surtout une occasion en or de manipuler la galerie d'humains faisant partie de son entourage. Ses enfants en premier lieu. Alors avant même que ma relation ne soit officialisée, mes fils m'ont annoncé que j'avais un amoureux. Et le portrait de l'amoureux, vous en conviendrez, n'était pas celui d'une bonne personne, attentive, qui aime les enfants. Et c'est sans parler du fait que papa leur a dit que j'allais changer de ville et déménager chez le-dit amoureux, ce qui est totalement faux et hors contexte puisque la relation existe depuis peu. Imaginez ce qui peut se passer dans la tête de mes fils.

J'ai donc décidé, tant qu'à faire spinner le père déjà dans tous ses états, de faire d'une pierre deux coups, c,est-à-dire de le faire "rusher" une seule et unique fois au lieu d'étirer sa frustration dans le temps. J'ai présenté mon amoureux à mes fils. Pour qu'ils voient que maman a un amoureux gentil. Pas méchant. Lors de la première séparation, je suis restée célibataire une année complète pour ne pas faire disjoncter monsieur. Et monsieur a disjoncté quand même, en double. Je ne regrette donc pas mon choix, puisque je n'ose pas imaginer mes fils rencontrer la personne 6 mois plus tard...avec 6 mois de bourrage de crâne que la-dite personne n'est pas une bonne personne. Je leur ai donc présenté les faits, simplement. Mes fils ont aimé la-dite personne. Oui, il y a des signes qui ne démentent pas. Ils rient en sa présence. Ils restent plus longtemps à la maison alors qu'ils devaient être ailleurs. Et les 4 fois qu'il l'ont vu, c'était lors d'une activité ou quelques minutes à la maison. Nous y allons quand même graduellement, pour ne pas leur imposer ce changement en plus.

Vous vous demandez sans doute où je veux en venir. Ce matin, mon plus vieux, adolescent, avait mal au coeur. C'est qu'il a toujours mal au coeur depuis des semaines. Le stress. Et à sa place, je vomirais également d'être pris dans ce conflit malgré lui. Malgré toutes mes tentatives, bonnes ou moins bonnes, de réduire les effets néfastes de ce conflit. J'ai parlé au psy de l'école, qui me rassure et me dit qu'ils vont s'en occuper, ils ont l'habitude. On est en 2012, il a vu des tonnes d'enfants dans sa situation. Heureux hasard, le père fait les mêmes démarches de son côté, et parle au même psy, le même matin. Avec un autre discours, évidemment.  Celui du: "la mère est rendue folle, elle est dans sa bulle, elle nous a laissé, elle fait exprès pour ne pas vouloir écouter mes 60 000 messages chiants et menaçants hebdomadaires..sniff sniff." J'ai l'air froide. Mais je ne le suis pas. J'ai juste décidé, avec le passé tel qu'on l'a vécu, de rester un pillier solide cette fois-ci et de ne pas laisser ses paroles manipulatrices et ses mensonges-interprétations de travers nous affecter. Je ne réagis donc plus à ses sautes d'humeur. Pas en a présence du moins, ni celle des enfants. Mais la version donnée au psy importe peu, puisqu'il ne les retient pas. Il s'intéresse à l'enfant et comment il le vit. Et c'est excellent comme ça. Parce que c'est l'enfant le plus important. C'est l'enfant qu'il faut aider, protéger.

J'ai donc un espoir ce matin, que le père allume que le psy est là pour notre garçon, pour l'aider, et que les deux parents doivent gérer la situation en adulte pour que les petits soient bien. Je me dis qu'il va enfin vouloir se présenter chez le médiateur tel que prévu la semaine prochaine. Mais il n'a rien compris. Il a doublement mis des trucs dans la tête de mon fils ce soir, qui tout à coup, me dicte des exigences qui vont à l'encontre de ce qu'il m'a dit pas plus loin que la semaine dernière. Comme des interdictions de voir certaines personnes, incluant l'amoureux. C'est compliqué à expliquer. Et je détaillerai sans doute dans un autre post. Mais pour faire rapide, le père, lorsqu'il tente de  passer les exigences directement avec moi, ça ne passe pas car il n'a aucun regard sur ma vie, et elle est gérée intelligemment, du moins du mieux que je le peux. Mais comme il n'a aucune faille par où entrer, il passe par mon fils. Oui, les garçons sont devenus les vecteurs de la frustration du père. Et ils accomplissent bien malgré eux les messages, sans doute en tentant de minimiser le conflit. Je n'en rajoute pas plus sur leurs épaules, donc j'écoute ce qu'ils ont à dire. Et je tente de diminuer ce malaise en rationnalisant les faits. Mais dans mon fort intérieur, je rage. Je rage de peine d'imaginer ce qui se passe dans leur fort intérieur à eux. Comment oser mettre sa souffrance sur les épaules d'un enfant?

Pour ceux et celles qui lisent ce blogue et qui sont en pleine séparation....réfléchissez. Pensez à épargner vos enfants. S'il-vous-plaît. Malgré ce que l'autre conjoint peut vous avoir fait, lorsque vous pensez lui faire du mal à lui en prenant les enfants en otage dans la séparation, dites-vous que ce n'est pas à lui que vous faites le plus de mal. C'est à vos propres enfants.

dimanche 4 mars 2012

Pas une, mais deux fois. Ou l'art de ne pas apprendre de ses erreurs.

Je vous ai déjà mentionné sans doute que j'avais vécu l'enfer suite à ma séparation d'avec le papa de mes garçons il y a 4 ans. Menaces de suicides, aliénation parentale, harcèlement, suivi. Tout ceci durant une année et demi complète. Il m'aimait trop disait-il.

Je lui ai pardonné parce que j'ai bon coeur et que c'est, que je le regrette ou non, le père de mes enfants. Une certaine dose de naïveté a certainement pesé dans la balance.

Je me suis, 2 ans post-séparation, aventurée dans la famille recomposée. L'ex, le père, est redevenu en quelque sorte "normal". Mais il était parti en Abitibi. Il avait décidé de refaire sa vie là-bas. "Parce qu'il avait le droit, lui aussi, de se refaire une vie". J'ai vu mes enfants pleurer, s'ennuyer et être déçus chaque fois que papa cancellait sa visite.

J'ai fait une dépression. Une remise en question professionnelle. Et. mon couple recomposé chavirait. Tous ces facteurs ont certainement contribué à ma vulnérabilité. Maintenant, avec un regard extérieur, je me demande encore comment j'ai pu oser aller ré habiter chez le père de mes enfants. Comment j'ai pu oser réessayer de former un couple.

Je le sais. Mon deuil de la famille nucléaire n'était pas fait. Mon retour à l'université a fait grimper mon insécurité jusque dans le plafond. Le père avait de belles promesses, me faisait entrevoir une possibilité à mon changement de carrière. Le père semblait avoir maintenant acquis la compétence "communication" Et surtout, je voyais dans mes rêves, que mes fils allaient arrêter de souffrir.

Ce qui au départ ne devait être qu'un contrat de colocation a viré en tentative de re-couple. J'aurais dû m'en douter, lors du premier jour, lorsqu'il a tenté de me "sauter dessus". Mais tout ce que je voyais, c'était la liberté d'élever mes enfants sans stress. Parce que le père est là. Fini le monoparental. Fini le compliqué-recomposé.

J'aurais dû allumer lorsque je me suis mise à payer presque toutes les dépenses, alors qu'il devait m'aider financièrement pour mon changement de carrière. J'aurais dû voir. Mais tout ce que je voyais, c'était sa frustration d'avoir quitté le gros salaire en Abitibi pour venir ici avec ses enfants. Tout ce qui me motivait à payer, c'était la crainte, pour mes fils, qu'il reparte.

On a eu du plaisir ensemble. C'est facile sortir avec deux seuls enfants quand c'est le père qui accompagne. C'est facile quand on a vécu une famille recomposée à 4 enfants qui ne s'entendent pas. C'est facile quand l'humeur de tes petits est à son max parce qu'enfin, ils voient leur père.

On a eu du plaisir, oui. Mais aucun amour. De la dépendance. Un manque de respect. Des valeurs à l'opposé. Un manque de communication flagrant. Il m'a pris peu de temps pour réaliser que l'on avait rien à se dire. Mais j'ai quand même continué, en espérant que ça allait changer. Pour mes fils.

Mais je n'étais pas heureuse. Nous avons tenté d'être un vrai couple un mois en tout et partout. Et je me suis mise à rêver d'une vie ailleurs. Rêver pour fuir la réalité qui me faisait trop souvent signe: j'avais fait une gaffe. De revenir. De m'endetter. D'avoir donné de faux espoirs à mes fils.

Je suis partie. Parce que je sais que ça ne donne rien de réfléchir 18 années, comme je l'ai fait la première fois. Je suis partie en appartement. Et voilà. Il n'accepte pas. Il recommence. Mes enfants sont encore pris dans un tourbillon de frustrations parentales.

Cette fois-ci, je suis plus forte. Cette fois-ci, bien malgré moi, j'ai rencontré un homme que j'aime. Pure coïncidence. Je ne cherchais pas. Mais lorsque tu rencontres quelqu'un qui semble être le portrait de ton âme soeur, tu ne laisses pas passer l'occasion. Tu fonces. Même si tu sais que tu vas en subir les conséquences en double par le père des enfants. Même si tu seras jugée d'être retombée en amour si vite.

Mais ce ne fut pas si vite. Car je n'étais pas en amour. Maintenant, je le suis.

Et j'espère que ce tsunami de passé ne fragilisera pas cette relation. Parce que j'y tiens. Il me reste maintenant à ravaler ma culpabilité envers mes garçons. Non pas de ne pas aimer leur père, mais de leur avoir laissé un faux espoir.

Et de leur avoir choisi un papa qui ne gère pas ses émotions. Et qui ne comprend pas que la personne à qui il fait le plus de tort, ce sont ses petits garçons.